PresseArticle du Journal du Centre
Lara Payet
07/10/2020
Mémoire
Les oeuvres de Jacques Braunstein au musée de la Faïence de Nevers, une exposition puissante et émouvante.
Regardez, regardez et n’oubliez jamais.
L’exposition des oeuvres de Jacques Braunstein s’ouvre au musée de la Faïence à partir d’aujourd’hui.
Il y a des expositions qui marquent, qu’on n’oublie pas. Celle consacrée au travail de Jacques Braunstein au musée de la Faïence en fait partie.
Une claque. De celles qui chamboulent et qui font réfléchir. D’ailleurs, l’art ne sert-il pas à cela ? L’exposition Porter témoignage et préserver une mémoire donne donc une sacrée claque au visiteur du musée de la Faïence. Et le pousse à une réflexion, à une plongée dans l’histoire. Notre Histoire.
Du mercredi 7 octobre jusqu’au jeudi 31 décembre, le musée neversois abrite ainsi un panel des oeuvres de l’artiste plasticien Jacques Braunstein, disparu cette année.
Des oeuvres pour ne rien oublier
En effet, au détour des œuvres, le visiteur plonge dans les différentes périodes artistiques de l’homme. Plusieurs d’entre elles témoignent de la mémoire de la Shoah, dont la famille de Jacques Braunstein a été victime. « Le musée a le devoir de présenter ce sujet, particulièrement en cette année de 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz », confie Didier Maranski, directeur du musée. « Nous nous devons de porter cette mémoire à travers cette exposition. Pour que les gens se souviennent et que les jeunes apprennent . »
Ni une rétrospective, ni un résumé du travail de l’artiste, cette expo est surtout un hommage. « Jacques était un singulier de l’art », glisse son épouse Marie. Et Claire, sa fille de le décrire : « Mon père était un travailleur acharné. Il ne pratiquait pas l’art brut, qui est plutôt un travail spontané. Lui, c’était réfléchi… Il confectionnait de multiples croquis avant de créer ses oeuvres. »
Dans la salle capitulaire, le visiteur aura sans doute le souffle coupé (rappelez-vous, la claque) devant l’Arbre au rouge. Des silhouettes sans visages, pendues à un arbre, avec de multiples lectures et plusieurs symboliques… Devant Spirale de victimes du nazisme également. Une œuvre monumentale, noire cette fois-ci. Mais la même souffrance, et les symboles encore. Puis devant l’homme-symbole : silhouette crucifiée, entourée de bandelettes et de nœuds… « Quand mon père s’est remémoré sa judéité, il s’est senti investi d’une mission. Il a conçu un langage composé de noeuds : chaque noeud représente une vie d’un juif déporté et décédé. Il a réussi à en faire plus de 6 millions… » raconte sa fille Claire.
Au troisième étage, on découvre d’autres facettes de cet artiste qui aimait travailler la matière : le tissu, la pierre, le bois, les miroirs. Là aussi, l’émotion s’impose, notamment devant Convoi 37 où l’on fait face à des silhouettes et des noms qui reposent pour l’éternité…
Difficile de décrire une telle exposition, tant elle recèle de symboles et de multiples vérités. Pour Didier Maranski, « il n’y a pas d’explications toutes faites, il y en a plusieurs. Et il y a des ressenti. Personne n’en ressortira indifférent. » Voilà le visiteur averti ! Et Marie Braunstein de conclure en lisant quelques mots de son époux : « Il n’y a pas une symbolique, il y a des symboliques. Les lectures seront celles que vous proposerez. Ne portez pas de jugement hâtif. »
Pratique
Autour de l’exposition
Nocturne et visite commentée, mercredi 4 novembre à 18h30. Du 7 octobre au 31 décembre. Musée ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 18h. Plein tarif : 6 euros, tarif réduit : 3 euros, gratuit pour les moins de 25 ans. Ctact : 03.86.68.44.60
LARA PAYET
Journaliste au Journal du Centre, 07/10/2020